La commune de Saint Hymetière, installée sur la rive gauche de la Valouse en " Petite Montagne ", s’enorgueillit de posséder un joyau de l'art roman méditerranéen, son église Sainte Marie, miraculée de l'histoire, en étonnant état de conservation, et cela en dépit des conflits dévastateurs survenus dans la région. Excentrée du village, cette église au charme indéniable, dessine son harmonieux profil au milieux des prairies,des pâtures et des vaches...
Selon la tradition orale, Imitherius, moine provenant du monastère de Condat, fonda un prieuré au VIème siècle. Un village se construisit autour de l'édifice. Imithérius après sa mort fut considéré comme un saint.
L'église construite au milieu du XIème siècle dans un pur premier art roman de type méditerranéen, fait suite à deux édifices antérieurs. L'attraction provoquée par le tombeau de Saint Imithérius, est confirmée par la découverte de tombes romano-burgondes pressées près du chœur du sanctuaire. Les troupes de Louis XI incendièrent le village en 1477, au cours de la campagne de soumission de la Franche-Comté. Le village s'est rebâti, mais plus à l'est, laissant ainsi l'église au milieu de la campagne.
L'église aurait connu des problèmes de stabilité dus à sa construction sur un sol marneux, si bien qu'au XIIIème ou XIVème siècle, une reprise de la voûte et du mur nord fut nécessaire, avec addition de contreforts. Au XVIIème siècle: consolidations, ajout des porches ouest et sud ainsi que réfection des voûtes. A la même période suppression de l'absidiole nord, remplacée par la sacristie, recouverte de tuiles.
Vue de l'est et du sud, l'église a conservé l'essentiel de sa structure initiale, avec ses lésènes à deux arcs, caractéristiques de l'art roman méditerranéen, appelées également bandes lombardes, assurant raidissement du mur et décoration d'allure variable par ombre projetée. La couverture refaite, repose sans charpente, directement sur les voûtes de l'édifice, contrairement à ce que l'on peut voir dans la plupart des églises jurassiennes.
L'abside retrouve depuis 1976 son état originel, la grande fenêtre centrale ouverte au XVIIème siècle ayant été supprimée.
Le clocher, de forme octogonale, repose sur un massif carré et se termine par un double dôme, de type "comtois ". Ce double dôme datant des années 1830, oeuvre d'un charpentier d'Arinthod, remplace la flèche, plus élevée, antérieure.
L'entrée et la façade ouest ont été remaniées au VIIème siècle. Sous le porche, le sol est "dallé " de pierres tombales de prêtres ayant assuré le service religieux de la paroisse, notamment sous la Révolution.
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Vue sud-ouest de l'église encore en réfection. |
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Coté ouest. |
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Le clocher octogonal avec son double dôme. |
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Couverture de lauzes reposant directement sur les voûtes. |
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Entrée et la façade ouest, remaniées au XVIIème siécle. |
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Portail d'entrée ouest en arc brisé du XVème siècle
et pierres tombales de prêtres ayant desservi la paroisse |
Passé le portail en arc brisé du XVème siècle, la profondeur de l'édifice oriente votre regard vers l'est, vers le soleil levant, symbole d'une vie à venir...
La nef centrale, lieu de rassemblement des fidèles a été renforcée au XVIIème siècle -la date de 1634 sur une des consoles de la voûte en faisant foi- n'a plus son aspect originel.
L'arc triomphal, qui sépare la nef et le choeur, laisse apparaître l'arc roman originel dont la retombée nord disparaît dans les renforcements du mur de consolidation.
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Nef centrale. |
Le transept (nef transversale qui coupe la nef principale perpendiculairement, donnant ainsi à une église la forme symbolique d'une croix) a gardé l'essentiel de son apparence romane.
L'abside (extrémité du chœur) est très représentative de l'art roman méditerranéen. Le mur, allégé par cinq arcades en plein cintre reposant sur quatre demi-piliers, est décoré d'arcatures lombardes. La voûte est dite en "cul-de-four", soit un quart de sphère rappelant la forme du four à pain.
La porte de la sacristie, marquée 1664, date les consolidations et la disparition de l'absidiole nord au XVIIème siècle.
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Abside avec voûte en "cul-de-four". |
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Abside avec ses arcades en plein cintre et ses arcatures. |
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Le passage du carré à l'octogonal pour le clocher se fait par quatre trompes d'angle
(portions de voûtes tronquées permettant de changer de plan d'un niveau à l'autre).
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La nef latérale sud a gardé ses murs originaux et les demi-piles soutenant la voûte en berceau plein cintre.
L'absidiole au fond de cette nef latérale, voutée en "cul-de-four", possède un enfeu ( niche à fond plat ménagée dans un mur pour abriter un tombeau), et abrite la châsse du XIXème siècle dans laquelle ont étés placés les os prélevés dans le tombeau en 1653. Des études ostéologiques de 2012 attestent leur appartenance à un individu de sexe masculin, âgé entre 30 et 60 ans lors du décès, que les datations au carbone 14 situent au début du Vème siècle, ce qui confirmerait la tradition orale.
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Nef latérale sud. |
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L'absidiole avec son enfeu et la châsse du XIXème siècle. |
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La châsse abritant les probables ossements de Saint Imitherius (Hymetière).
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La nef latérale nord est le témoin de la façon dont ont été effectués les travaux de consolidation au XVIIème siècle, les piliers ronds, encore visibles partiellement, étant englobés dans une maçonnerie rectangulaire.
J'ai été charmé par cette église, bien proportionnée, élégante, dont l'isolement en pleine campagne est insolite. La beauté simple, nue, de l'édifice incite au recueillement et à la méditation...
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